
Si l'œuvre romanesque de Cyrano de Bergerac a obtenu aujourd'hui une large audience, il n'en va pas de même de son œuvre théâtrale, réduite, il est vrai, à une comédie et à une tragédie.
C'est à peine si le grand public sait que Molière a emprunté au Pédant joué la "scène de la galère" des Fourberies de Scapin ; quant à La Mort d'Agrippine, elle est encore purement et simplement ignorée.
Pourtant, il s'agit de deux œuvres du plus haut intérêt: une tragédie d'une violence extrême et d'une audace de pensée qui scandalisa, et une comédie bouffonne où se mêlent tous les genres et tous les styles: en particulier, c'est la première fois qu'un paysan s'exprime en patois authentique sur la scène au XVIIe siècle.
Si Molière lui a fait des emprunts, on peut aussi considérer que par certains côtés, Le Pédant joué est, à trois siècles de distance une préfiguration d'Ubu roi. Enfin, au-delà du plaisir immédiat, la pièce a une portée philosophique des plus actuelles, dans la mesure où elle met en question le langage.