Joseph Fouché (1759-1820) est l’une des figures les plus énigmatiques de son temps. Elevé chez les Oratoriens, il fut un pilleur d’églises. Conventionnel modéré, il massacra les royalistes de Lyon. Ayant voté la mort de Louis XVI, il fut ministre de Louis XVIII. Napoléon, qui en fit son ministre de la Police, le chassa et le rappela : il le craignait et avait besoin de lui.
La postérité n’a longtemps vu en Fouché que l’opportuniste cynique, capable de toutes les infamies et de toutes les trahisons pour assouvir son goût du pouvoir. Il le fut, mais il sut aussi s’opposer habilement à Robespierre comme à Napoléon, et, en quelques occasions décisives, agir en fonction du bon sens et de l’intérêt de son pays.
Biographe de Marie-Antoinette et de Balzac, le romancier d’ Amok et de La Confusion des sentiments nous donne ici un saisissant portrait de ce personnage, en qui il voit la première incarnation d’un type politique moderne : l’homme de l’ombre, dissimulé, manipulateur, actionnant en coulisses les mécanismes du pouvoir réel.