
Des hommes infâmes hantent les crèches et les orphelinats pour capturer des innocents, et les dresser au combat. «Beaucoup de jeux de nuit», prescrivait Rousseau dans son Émile pour l'éducation des enfants. Tonsure, étuve, tatouage : les enfants ne sontplus que ces numéros estampillés sur leurs flancs, qui se répètent sur la toile de jute des sacs où ils se pelotonnent, entravés, les yeux bandés, suspendus à des crochets. Mais un de ces chiffres est maudit, et les brigands se le refilent comme une poisse, une faiblesse, une attirance inavouable. «S'abandonner au jeu des garçons, c'est, comme un loup, se coucher sur un lit de fleurs mourantes» : tel est le dicton qu'inventait au XVII